La ministre fédérale du Climat, Zakia Khattabi (francophone Vert/Ecolo), insiste : « la crise climatique n'attend personne, pas même le prochain gouvernement fédéral ».
Outre Mme Khattabi, le Premier ministre De Croo (libéral flamand/Open VLD) et la ministre de l'énergie Tinne Van der Straeten (écologiste flamand/Groen) représentent le gouvernement fédéral sortant. Et le mandat du ministre bruxellois du Climat Alain Maron (Verts francophones/Ecolo) est également pratiquement terminé. Ils ne peuvent prendre aucun engagement majeur, notamment en matière d’argent. Tous les nouveaux engagements doivent être couverts par le prochain gouvernement.
Seule la ministre flamande du Climat, Melissa Depraetere (socialiste du Vooruit), représente un gouvernement en place pour les prochaines années et est donc autorisée à faire des promesses. Le simple fait qu’elle se rende à la COP constitue une rupture par rapport à l’action de son prédécesseur Zuhal Demir (nationaliste flamand/N-VA). Depuis 2019, aucun ministre flamand n’a participé à une conférence sur le climat.
« Ce gouvernement flamand veut être beaucoup plus ambitieux en matière climatique », déclare Mme Depraetere. «Mais je ne veux pas non plus que d'autres décident à notre place.» Parce que si vous n'êtes pas là, c'est ce qui arrive : des accords internationaux sur le climat sont conclus de toute façon, et vous n'êtes pas là pour prendre des décisions.
L’épine dorsale de l’industrie climatique belge manque
L'année dernière, les politiciens belges ont fait principalement pression en faveur de l'industrie belge. L'industrie s'était rendue à Dubaï pour remporter des contrats sur de grands projets de construction dans la transition énergétique, par exemple des usines d'hydrogène (John Cockerill) ou des parcs éoliens offshore (Jan De Nul).
Certaines de ces entreprises belges semblent un peu moins enthousiastes cette année. Oui, Jan De Nul, Fluxys, North Sea Port et Elia envoient leurs représentants. Mais certaines des plus grandes entreprises sont absentes : Bekaert (acier), John Cockerill (hydrogène) et Euroclear (services financiers).
La principale raison de leur absence : le manque d'opportunités d'investissement en Azerbaïdjan, affirment les trois sociétés. En outre, il est suggéré que cette COP offre trop peu de visibilité (Bekaert) ou qu'il y a « déjà suffisamment de projets en cours » (Cockerill).
Le premier ministre Alexander De Croo, qui dirige la délégation belge, n'est cependant pas d'accord avec les affirmations selon lesquelles l'industrie belge serait moins bien représentée cette année.
« Il y a encore une importante délégation belge », insiste M. De Croo. « La transition vers une économie respectueuse du climat se fera avec nos entreprises, pas sans elles. Attirer l’attention sur nos solutions climatiques est une bonne chose. Si l'industrie s'éloigne de l'Europe, elle se déplacera vers des pays où les règles climatiques sont moins strictes», affirme le dirigeant belge.
L’aide belge au développement est-elle équitable ?
Mais même sans l’industrie belge, il y a certainement un enjeu pour la Belgique dans cette COP. Après tout, cette année, c'est une question d'argent et cela aura aussi des conséquences pour la Belgique.
Les dépenses belges en matière de financement climatique ont fortement augmenté ces dernières années. Les dépenses fédérales représentent à elles seules près de 90 pour cent de toute l’aide belge, ayant triplé au cours de la dernière législature, passant de 70 millions d’euros en 2020 à 216 millions d’euros l’année dernière.
Une grande partie de cet argent va aux pays africains, par exemple pour la Grande Muraille Verte contre la désertification au Sahel, la recherche dans la forêt tropicale congolaise et l'amélioration des mesures météorologiques en coopération avec le Met Office.
70 pour cent de l’argent climatique belge est reversé sous forme de subventions. D’autres pays de l’OCDE ont tendance à faire les choses différemment. La plupart de l’aide climatique des pays riches comme la France est versée sous forme de prêts. En conséquence, non seulement cet argent finit par revenir vers l’Occident, mais les pays donateurs en retirent souvent également des bénéfices.
Mais l’aide climatique belge est-elle suffisante ? Cela dépend à qui vous demandez et comment vous effectuez le calcul. Selon le site Internet faisant autorité sur le climat, Carbon Brief, la Belgique a déjà commencé à payer suffisamment pour compenser sa part historique dans le réchauffement climatique actuel en 2020.
Mais lorsque le ministère belge des Affaires étrangères a récemment fait cet exercice, il a suggéré qu'un montant bien plus élevé était nécessaire que ce que la Belgique dépense actuellement : 540 millions d'euros.
Le Premier ministre De Croo souhaite certainement combler l’(énorme) écart entre ce que demandent les pays les plus pauvres et ce que les plus riches sont prêts à donner, en utilisant des financements privés. Cela pourrait se faire, par exemple, en utilisant les fonds de pension pour investir dans le climat dans le Sud ou en facilitant l’investissement des entreprises dans ces pays. Mais les pays les plus pauvres se méfient de cet argent du secteur privé. Ils estiment toujours que les gouvernements occidentaux se soustraient à une trop grande part de leurs responsabilités.