Avec une population croissante, de fortes inégalités et une forte fragmentation politique, Bruxelles est confrontée à de graves problèmes de logement, de mobilité et de gouvernement local. A la demande de l'ancien secrétaire d'État bruxellois Pascal Smet (socialiste flamand), des experts de l'OCDE – une collaboration entre 38 pays industrialisés – ont étudié la structure institutionnelle de la région, les questions de mobilité, les politiques de financement et de logement. Ils ont maintenant formulé quatre recommandations.
Logement
Le logement abordable est l’un des besoins les plus urgents. Des procédures plus rapides et plus efficaces pourraient résoudre ce problème, par exemple en transférant toutes les procédures liées à un permis de construire à la Région, alors qu'aujourd'hui, pour les petits projets, il faut toujours s'adresser à la municipalité. En outre, les réglementations empêchent désormais une nouvelle densification de la ville, alors que c'est exactement ce qui est nécessaire, selon l'OCDE. L’offre de logements sociaux ou de locations sociales devrait également augmenter. Cet objectif peut être atteint en accordant des allègements fiscaux aux développeurs de projets qui y investissent. Il est intéressant de noter que l’OCDE préconise également une régularisation des loyers, une mesure déjà en préparation.
Transport public
L'OCDE salue le vaste système de transports publics bruxellois : 95 pour cent des Bruxellois vivent à moins de 10 minutes d'un arrêt de bus, de tramway ou de métro. Parallèlement, 30 pour cent des Bruxellois se déplacent en voiture. C'est moins que le nombre de personnes marchant (36 pour cent) mais plus que celui utilisant les transports publics (22 pour cent). Et puis, bien sûr, il y a les navetteurs non bruxellois, dont les trois quarts viennent en voiture.
L'OCDE considère les voitures de société comme la principale cause des embouteillages permanents à Bruxelles, mais note également que Bruxelles fait partie des capitales des embouteillages au monde. 75 pour cent des navetteurs viennent à Bruxelles en voiture. Une taxe d'usage (SmartMove) offre une solution, mais un meilleur zonage des nouveaux blocs de logements (sociaux), à côté d'un pôle de transports publics, offre une solution tout aussi intéressante. Les quartiers devraient également bénéficier de meilleures liaisons entre eux, plutôt qu’avec le centre-ville.
Une meilleure gouvernance
Une autre question épineuse est celle de la « lasagne » administrative à Bruxelles : le gouvernement local. L'OCDE propose de rationaliser la structure institutionnelle en supprimant la Commission communautaire flamande (VGC), la Commission communautaire francophone (COCOF) et la Commission communautaire commune (GGC) et en confiant entièrement leurs compétences à la Région bruxelloise. La répartition floue et parfois superposée des compétences entre la Région et les communes est également une source d'irritation. Tout ce qui touche à la mobilité, au stationnement et à l'urbanisme doit relever de la responsabilité de la Région.
« Cela mettrait fin à la duplication administrative et augmenterait la cohérence. Bruxelles pourrait suivre le modèle d'Anvers ou de Paris, où les districts ou arrondissements ont des pouvoirs administratifs limités et le pouvoir principal appartient à l'administration centrale. » Une idée que l'OCDE attribue aux chercheurs belges Wouter Van Dooren (UA) et Dave Sinardet (VUB). « Cela devrait assurer un équilibre entre proximité et gouvernance cohérente », dit le rapport.
Même si l’objectif est une répartition claire et nette des pouvoirs, dans la pratique, une coopération reste nécessaire. Les organes consultatifs qui rationalisent la politique, comme la Conférence des bourgmestres, sont une bonne chose mais devraient être formalisés et de préférence intégrés à Brulocalis, l'association des communes bruxelloises. Désormais, les décisions de la conférence ne sont pas transparentes. Les fusions municipales, note l'OCDE, sont également une option.
L’OCDE regarde également au-delà de la Région bruxelloise. Elle regrette que la Communauté métropolitaine, coopération entre Bruxelles et son arrière-pays, soit restée lettre morte. Les transports peuvent notamment être organisés au-delà des frontières bruxelloises. Des expériences politiques et un Fonds métropolitain devraient permettre une relance.
L'argent circule
Enfin, il est crucial que les finances de la Région de Bruxelles-Capitale soient renforcées. Après 2024, les flux de solidarité vers la Région bruxelloise diminuent et ce sera un problème car Bruxelles a déjà beaucoup de dettes. Une conférence fédérale sur un financement supplémentaire pour Bruxelles doit proposer une solution à long terme pour les capitales belge et flamande.