« Jusqu’à 12.000 sans-papiers à Anvers » : beaucoup vivent dans des conditions déplorables

On estime qu’environ 112.000 sans-papiers vivent en Belgique selon les chiffres de Johan Surkyn, démographe à l’Université libre de Bruxelles (VUB). Leur nombre à Anvers n’était jusqu’à présent pas clair. « A Anvers, on l’estime entre 5.000 et 12.000 », précise Tom Meeuws (socialiste/Vooruit), échevin aux affaires sociales. « Il s’agit d’un groupe particulièrement diversifié et chacun a sa propre histoire. Nous travaillons autant que possible avec le ministère de l’Immigration, Fedasil, le secteur social et diverses organisations de la société civile pour examiner avec ces personnes si leur avenir est ici ou à l’étranger. leur pays d’origine. »

Au sein de l’asbl Filet Divers, basée à Anvers, des activités sont organisées pour offrir de meilleures opportunités aux personnes vivant dans la pauvreté. Les migrants sans papiers viennent également régulièrement en visite. 190 des 600 dossiers traités en 2022 concernaient des personnes sans titre de séjour légal. « Ce nombre est resté assez stable ces dernières années », explique Yves Bocklandt, coordinateur chez Filet Divers. « Certains d’entre eux sont soutenus par des proches qui résident légalement ici, mais souvent, pour gagner de l’argent, ils se retrouvent dans de mauvaises conditions de travail. »

Les migrants sans papiers vivent souvent dans des conditions déplorables et sont souvent exploités, note Filet Divers. « Lorsqu’ils effectuent un travail non déclaré, ils sont souvent très peu payés, voire rien du tout », poursuit Bocklandt. « Ils sont employés dans le bâtiment ou à l’arrière des boulangeries. Ils contactent rarement les services officiels pour signaler des abus ou des fautes professionnelles. Les propriétaires le savent et en profitent. »

Vendredi dernier, le ministre flamand du Logement, Matthias Diependaele (Nationaliste/N-VA), a déclaré à la VRT qu’il souhaitait modifier la législation en matière de logement afin que les personnes sans permis de séjour aient plus de difficultés à louer.

Bocklandt dit que c’est une mauvaise idée. « Les personnes sans résidence légale devraient pouvoir regarder vers l’avenir et obtenir un logement est une première étape. Les politiciens doivent faire face à la réalité et ne pas penser qu’ils peuvent simplement renvoyer ces personnes chez eux. Cela ne fonctionnera pas. » Filet Divers attend une plus grande coopération de la part de la municipalité d’Anvers, pour voir quels sont les problèmes et comment les résoudre.

Concrètement, dans les refuges d’hiver pour sans-abri, la ville d’Anvers crée 400 places pour les personnes sans domicile légal. De plus, les autorités de la ville font de leur mieux pour assurer un suivi des personnes. « Ils doivent comprendre que rester ici sans papiers est dangereux », déclare l’échevin Meeuws.

« Il n’est pas possible de travailler ici légalement, alors ils font un travail occasionnel, sont payés à la main et sont exploités. Parfois, ils finissent aussi dans le circuit criminel pour obtenir de l’argent. Ils obtiennent alors le logement le moins cher, souvent en mauvais état et appartenant à par les propriétaires des bidonvilles. Une telle situation est insoutenable pour tout le monde. C’est pourquoi nous essayons de stimuler un débat. »

Perspectives d’avenir

Souvent, les migrants sans papiers se retrouvent au Centre de conseil en migration (ACM) d’Anvers. Là, ils peuvent poser toutes leurs questions. « Nous écoutons d’abord l’histoire de ces personnes », explique Grietje Cant, coordinatrice d’équipe chez ACM. « Ensuite, nous vérifions quelles sont les possibilités dont ils disposent encore pour demander un séjour légal ici. »

Le lieu de séjour de ces personnes pendant cette période sans papiers varie considérablement. « Il y a beaucoup de « couch surfeurs », des gens qui passent la nuit chez un ami ou en famille, même pour quelques semaines », explique Cant. « C’est un groupe très difficile à atteindre car ils ne figurent souvent pas dans les chiffres. Certains ont suffisamment d’argent grâce au travail occasionnel et louent leur propre appartement. Beaucoup sont sans abri. »

Les migrants sans papiers ne peuvent pas aller n’importe où. « Ils peuvent utiliser les abris d’hiver et les centres de jour », explique Grietje Cant. « Il y a aussi une équipe prête à fournir tous les soins médicaux. Les services sociaux locaux aident également. Mais ce ne sont que des pansements pour soigner des plaies purulentes. Nous recherchons des solutions à long terme. Nous ne pouvons pas continuer à faire passer aux gens le message que ils ne peuvent pas rester, alors que, pour leur propre sécurité, ils ne peuvent pas rentrer.À l’ACM, la plupart des migrants sans papiers viennent d’Europe de l’Est, d’Afrique du Nord ou d’Afghanistan.

Dans plusieurs localités de Flandre, les services sociaux mènent déjà un projet visant à aider à l’accueil et à l’orientation des migrants sans papiers qui souhaitent travailler sur leurs perspectives d’avenir. Ce projet impliquera prochainement également la création d’un centre d’accueil pour 15 personnes à Anvers.