La Belgique modifie sa politique d’asile : « Plus de places d’accueil pour les hommes célibataires désormais »

Fedasil – l’agence qui gère les lieux d’accueil pour demandeurs d’asile en Belgique – a reçu pour instruction de ne plus permettre aux hommes célibataires d’accéder à l’accueil pour demandeurs d’asile.

Tout demandeur d’asile a normalement droit à un abri et à de la nourriture pendant la durée de sa procédure d’asile, mais disposer de suffisamment de places d’accueil est depuis longtemps un problème en Belgique. Les familles et les enfants demandent de plus en plus l’asile dans le pays.

« Je ne veux pas courir après les faits. C’est pourquoi je prends dès maintenant la décision de réserver toutes les places disponibles aux familles avec enfants. Je veux absolument éviter que des enfants ne se retrouvent dans la rue », souligne Mme De Moor. .

Le ministre d’Etat note également que le nombre élevé de demandeurs d’asile ces dernières années pèse lourdement sur le réseau d’accueil. « Nous continuons à ouvrir de nouveaux centres, mais l’année dernière, tout le monde a constaté à quel point il est difficile de créer des structures d’accueil. »

« Les mesures antérieures portent leurs fruits »

Les mesures prises l’année dernière ont permis d’éviter une explosion des demandes d’asile en Belgique, affirme Mme De Moor. Il reste néanmoins beaucoup à faire pour alléger la pression. C’est pourquoi le secrétaire d’État travaille sur un pacte migratoire qui permettra de mieux organiser la politique européenne d’asile et de migration.

Le pacte devrait prévoir une procédure rapide aux frontières extérieures de l’UE et garantir une répartition plus équitable des demandeurs d’asile en Europe. « Notre pays fait depuis longtemps plus que sa part. Cela ne va vraiment pas continuer. Cette année, il y a 19.000 demandeurs d’asile enregistrés en Belgique contre 1.500 au Portugal, un pays avec une population similaire. »

La Ligue des droits de l’homme réagit : « Les hommes célibataires sont également vulnérables »

Selon les chiffres du Centre fédéral des migrations Myria, l’État belge a été condamné plus de 7.000 fois pour ne pas avoir assuré l’accueil des demandeurs d’asile ici. Cela a donné lieu à de nombreuses astreintes, mais Mme De Moor refuse de les payer.

Pour Kati Verstrepen, présidente de la Ligue des droits de l’homme, De Moor confirme l’existence d’une situation qui existe en pratique depuis longtemps. Cela ne rend pas la situation moins grave pour autant. « Cela n’est absolument pas conforme au droit international ou belge. L’accueil doit être assuré à tout le monde », dit-elle.

De plus, selon Mme Verstrepen, il n’est pas vrai que les hommes célibataires soient moins vulnérables et il n’est pas acceptable qu’un groupe tout entier soit simplement exclu. « Les hommes célibataires peuvent également être victimes de violences et d’abus. Si l’accueil ne fonctionne pas dans des cas exceptionnels, il convient d’évaluer au cas par cas qui est le plus vulnérable. »

Cette mesure prouve également que les accords migratoires conclus par l’Union européenne avec la Tunisie et auparavant avec la Turquie ne fonctionnent pas, affirme Verstrepen. La Ligue des droits de l’homme préconise d’élargir les canaux de migration légale, tels que la migration de main-d’œuvre, afin que moins de migrants soient contraints de demander l’asile.