Ces derniers mois, les rapports inquiétants se sont succédés sur le déficit budgétaire de la Belgique et ses mauvaises perspectives pour les années à venir. Dans son rapport annuel, la BNB remet sur le devant de la scène les finances publiques belges à quelques mois des élections, avertissant que le déficit budgétaire s'est fortement aggravé en 2023 et continuera de croître dans les années à venir.
Afin d'éviter que le déficit budgétaire ne se creuse, les prochains gouvernements belges et régionaux devront économiser ensemble 2,5 milliards d'euros par an. D'autres économies importantes seront nécessaires pour se conformer aux règles européennes. Au total, quelque 27 milliards d'euros devront être économisés au cours des prochaines années.
« Notre déficit est déjà l'un des plus importants d'Europe et il ne va pas dans la bonne direction. Nous ne pouvons pas le maîtriser parce que les politiques n'osent pas faire de choix », déclare Pierre Wunsch, gouverneur de la Banque nationale.
Le déficit se creuse malgré la fin des mesures de soutien énergétique et la pandémie
Le déficit actuel n’est plus le résultat de mesures de soutien pendant les crises du coronavirus et de l’énergie, ce qui inquiète les économistes de la Banque nationale.
Étant donné que ces mesures n’étaient pour l’essentiel plus en place en 2023, le déficit budgétaire aurait dû simplement diminuer, mais c’est le contraire qui se produit.
Les dépenses qui aggravent le déficit sont structurelles et continueront également à augmenter dans les années à venir. L’un des coûts croissants est celui du vieillissement. L’augmentation de la part des personnes âgées dans la population en général entraîne une augmentation des dépenses de santé et de retraite.
L’augmentation du déficit en 2023 est presque entièrement due aux dépenses du gouvernement fédéral, qui supporte l’essentiel des coûts du vieillissement. Cependant, la banque attribue également la situation budgétaire à ce qu'elle appelle un « échec de coordination budgétaire ».
« Il est grand temps de parvenir à des accords clairs et contraignants sur la répartition des efforts budgétaires entre les différents niveaux de gouvernement en Belgique », peut-on lire dans le rapport annuel.
Après des années de crise, il est important de remettre de l'ordre dans le budget au cours des prochaines années, estime Wunsch. « Nous devons maintenant constituer des réserves. Si cela n'est pas fait, le gouvernement risque de ne pas avoir les ressources nécessaires pour absorber le coût social et économique du prochain choc économique. »
Pendant la crise du coronavirus et de l’énergie, le gouvernement a investi des milliards pour maintenir le pouvoir d’achat des Belges ordinaires et maintenir les entreprises à flot.
Mauvaise nouvelle : les taux d’intérêt ont également augmenté
À l’augmentation des dépenses structurelles s’ajoute une hausse des charges d’intérêt. En effet, pour combler le déficit budgétaire, le gouvernement s'endette. Bien entendu, des intérêts doivent être payés sur ces dettes.
Pour la première fois depuis des années, les taux d’intérêt ont de nouveau augmenté. Le gouvernement ne peut rien faire face aux coûts plus élevés associés à cette hausse. Le coût supplémentaire accroît cependant le déficit budgétaire.
En outre, la BNB émet un avertissement concernant ce qu'elle appelle une « dynamique dangereuse de la dette ». Non seulement les taux d’intérêt sur la dette augmentent, mais le montant de cette dette augmente également. En 2023, la dette publique s'élevait à 105,2 pour cent de la production nationale, la somme des services et des biens produits dans l'économie belge. À politiques inchangées, il atteindra 126 pour cent du PIB d’ici 2033.
« Le raisonnement sur le budget devrait être le même que sur le climat », conclut Wunsch. « Là aussi, nous parlons des mesures que nous devons prendre maintenant, pour garantir que nous n'imposons pas aux générations futures les conséquences et les coûts. »