« Pour répondre à cette question, nous devons remonter le temps avant l'indépendance de la Belgique en 1830 », explique Antoon Vrints, professeur d'histoire à l'Université de Gand.
« Après la chute de Napoléon, l'Europe fut à nouveau découpée lors du Congrès de Vienne en 1815. Dans le cadre de cette réorganisation, les Pays-Bas furent unis pour former le Royaume-Uni des Pays-Bas sous le roi Guillaume Ier. »
Cependant, cette union ne fut pas bien accueillie par une partie des habitants de ce qui deviendra plus tard la Belgique. Les différences entre le nord et le sud étaient grandes. « Sous Guillaume Ier, les Belges étaient confrontés à l'oppression et à la discrimination. L'utilisation de la langue néerlandaise à la place du français, très répandue dans les régions du sud, était également une épine dans le pied de beaucoup, tout comme le manque d'autonomie politique. »
Ces tensions ont finalement conduit à la Révolution belge de 1830, au cours de laquelle les Belges se sont rebellés contre la domination néerlandaise et ont finalement déclaré leur indépendance.
Réprimer les manifestations
Dans le même temps, le tsar russe Nicolas Ier avait formé une alliance avec plusieurs autres grandes puissances européennes pour réprimer la montée des mouvements nationalistes et leurs aspirations indépendantistes à travers l’Europe.
« Les principaux partenaires de la Russie étaient l'Autriche et la Prusse », explique Vrints. « Ensemble, ils formaient une force européenne conservatrice qui tentait de maintenir le statu quo ».
« Lorsque la révolution belge contre les Pays-Bas a commencé en septembre 1830, la Russie a soutenu le régime de Guillaume Ier et a même prévu d'envoyer des troupes pour réprimer le soulèvement. »
La rébellion plus proche de chez nous
Un soulèvement soudain en Pologne a mis des bâtons dans les roues du tsar russe. Cette révolte a commencé en novembre 1830 et est dirigée contre la domination russe. Les Polonais s'opposent au régime autoritaire du tsar et exigent une plus grande liberté politique et nationale.
« Pour Nicolas Ier, écraser cette quête d'indépendance est une priorité. Il doit d'abord envoyer ses troupes en Pologne pour réprimer cette rébellion. »
Il réussit finalement mais de nombreux rebelles polonais fuient vers la Belgique et rejoignent les Belges luttant pour l'indépendance. En fin de compte, la Russie n’a d’autre choix que de reconnaître la Belgique en tant qu’État lors de la Conférence de Londres de 1830. La France et le Royaume-Uni en particulier prennent la tête de cette conférence.