Depuis le second semestre 2021, le nombre de postes vacants au sein de l’agence flamande pour l’emploi VDAB augmente de façon exponentielle. Pour pourvoir ces nombreux postes vacants, les employeurs peuvent faire appel à des travailleurs nationaux ou de l’Union européenne grâce à la libre circulation des travailleurs. Chaque année, quelque 150.000 citoyens de l’UE viennent travailler en Flandre. Mais pour plusieurs professions, comme les bouchers, les professionnels de la santé ou les cuisiniers, il y a trop peu de candidats dans l’UE.
Les employeurs peuvent recruter des travailleurs migrants en dehors de l’UE, dits « pays tiers », pour occuper des emplois dans ces professions et ils le font de plus en plus. Le nombre de permis accordés aux travailleurs non européens a augmenté de près de 90 % en 2022 par rapport à 2021 (de 8.600 à quelque 16.100) selon le rapport annuel du Service flamand des migrations économiques.
Pour déterminer les professions qu’un employeur peut rechercher en dehors de l’UE, depuis 2019, le gouvernement flamand dresse tous les deux ans une liste des professions structurelles en goulot d’étranglement. Tel les professions comprennent les boulangers, les tuyauteurs et les camionneurs. Pour les personnes hautement qualifiées, telles que les professionnels de l’informatique et les cadres, il existe depuis un certain temps une procédure plus souple pour leur permettre de venir en Belgique.
« Récemment, nous avons de nouveau dû élargir la liste des professions », explique le ministre flamand du Travail Jo Brouns. « Au total, 234 professions en goulot d’étranglement y figurent. Les employeurs avec de tels postes vacants ne peuvent pas trouver suffisamment de candidats en Belgique ou dans l’UE ».
Chauffeurs, chefs et bouchers
La plus forte augmentation du nombre de travailleurs migrants n’est pas enregistrée parmi les travailleurs hautement qualifiés, mais plutôt parmi les travailleurs en pénurie d’emplois. Le nombre de travailleurs non européens admis dans les métiers en goulot d’étranglement a plus que doublé l’an dernier par rapport à 2021.
L’année dernière, plus d’un tiers – quelque 1 350 personnes travaillent comme chauffeurs de camions avec remorques. Il y a aussi pas mal de chefs, de travailleurs de la santé et de bouchers. Près de la moitié viennent de Turquie ou du Maroc. Parmi les travailleurs de la santé, l’Inde est de loin le pays d’origine le plus important en dehors de l’UE.
Quelle est la procédure de recrutement des travailleurs sur la liste des métiers en pénurie ?
Quelqu’un de l’extérieur de l’UE ne peut venir dans notre pays pour exercer une profession en goulot d’étranglement qu’avec un « permis combiné » ou un « permis unique ». C’est une combinaison d’un permis de travail, d’un permis de séjour et d’un visa. Il ne peut pas demander lui-même ce permis unique.
C’est l’employeur établi en Belgique qui doit introduire la demande pour une personne déterminée. Le permis combiné est valide pour un maximum d’un an, mais peut être renouvelé après cette année.
La région belge concernée décide de délivrer ou non le permis de travail dans un délai de quatre mois. Ensuite, l’Office fédéral des étrangers statuera sur le permis de séjour, puis l’ambassade de Belgique délivrera le visa nécessaire au voyage. Une fois, les employeurs devaient demander les trois documents séparément. Depuis le 1er avril 2021, il existe un « guichet unique » donc une seule demande suffit.
« Une migration de main-d’œuvre indispensable perdue »
La VRT s’est entretenue avec un certain nombre d’employeurs et a découvert qu’il semble y avoir un intérêt à embaucher des ressortissants de pays tiers (hors UE) dans des secteurs où il y a beaucoup de postes vacants. Pourtant, plusieurs employeurs nous disent que les procédures sont encore trop lourdes, peuvent prendre trop de temps et qu’il y a des difficultés supplémentaires.
Ils disent que surtout pour les chauffeurs routiers, il y a « des obstacles qui empêchent les entreprises belges d’employer effectivement des chauffeurs étrangers ». C’est ce que confirme Mathieu Vander Paelt des transporteurs Mattheeuws Transport : « À son arrivée, un conducteur étranger doit d’abord suivre une formation à la sécurité et réussir un test de compétence correspondant. Cela ne peut se faire que dans nos trois langues nationales ou en anglais. la langue nationale n’est plus autorisée. »
« J’avais un certain nombre de pilotes prêts à démarrer, mais malheureusement j’ai dû les décevoir car je n’ai pas pu les recruter dans les règles à cause de la barrière de la langue », ajoute-t-il.
L’association professionnelle Transport et Logistique Flandre demande au ministre flamand de l’Emploi Brouns et au ministre flamand de la Mobilité Peeters de modifier d’urgence la législation et d’autoriser à nouveau un interprète. « Nous craignons qu’une migration de main-d’œuvre autrement utile ne soit perdue pour des pays comme l’Allemagne, qui n’accordent pas autant de poids à ces exigences linguistiques », déclare Lode Verkinderen.
« Certes, une connaissance minimale de la langue d’un pays est requise », répond le ministre Brouns. « Nous voulons nous assurer que les conducteurs peuvent suivre le code de la route en toute sécurité. »
Selon Ivan Claeys, président des Bouchers et Traiteurs, il y a place à l’amélioration : « Il n’y a plus de bouchers belges. Nous manquons de plus de 10 000 travailleurs dans l’industrie de la viande mais la procédure pour faire venir des travailleurs étrangers ici est tout simplement trop compliquée et prend trop de temps, surtout maintenant que de nombreux fichiers sont bloqués. »